La mort est un événement marqué par la rupture d’un lien avec un être aimé. Cette brisure nous amène à traverser un processus de deuil inévitable à la condition humaine. Ce processus présente sans contestation une grande épreuve de vie vécue différemment par chacun. Chaque personne endeuillée traverse ce processus à son rythme et réagit différemment au départ de l’être cher. Certains peuvent être dans l’excès des émotions, d’autres auront des pensées accablantes ou adopteront des comportements néfastes. Mais de quoi parlons-nous ici?

Lorsque nous parlons d’excès d’émotions, deux scénarios sont possibles :

  1. La personne endeuillée tente de combattre son sentiment de manque du défunt et le vide crée par son départ par l’excès de souvenirs et de rêveries. Un peu comme si elle cherchait à faire revivre l’être cher.
  2. La personne endeuillée n’exprime aucune émotion, jusqu’à sembler paralysée.

En soi, l’excès ou l’absence d’émotions n’est pas anormal comme réaction. Le danger se présente davantage dans la durée et l’intensité de celles-ci.

Quant aux pensées accablantes, aussi appelées croyances accablantes, il est question de :

  • la peur d’oublier le défunt;
  • le sentiment de ne plus pouvoir vivre sans le défunt;
  • la colère devant la « mort injuste »;
  • la culpabilité de ne pas avoir pu aider suffisamment le mourant;
  • la culpabilité de ne pas être soi-même décédé;
  • et encore plus.

Il s’agit donc de pensées pouvant surgir chez les personnes endeuillées au tout début de leur deuil. Il faut s’assurer de déconstruire ces croyances, car sinon, cela peut entraîner la dépression, les idéations suicidaires, ou d’autres symptômes qui inquiètent généralement les proches.

Concernant les comportements néfastes, il est possible d’en distinguer trois :

  1. La personne endeuillée parlera peu ou aucunement du défunt. Elle évitera tout ce qui est relié à celui-ci, tel que des lieux, des individus, des chansons, et encore plus.
  2. La personne endeuillée fera tout pour se remémorer du défunt comme parler constamment de celle-ci, porter ses vêtements ou bien conserver l’ensemble de ses biens matériels.
  3. Un arrêt des activités de survie et de plaisir se produit chez la personne endeuillée. Elle ne veut plus s’alimenter ou assurer une hygiène de vie, par exemple. Ses interactions sociales sont grandement diminuées et elle n’éprouve plus l’envie pour ses intérêts habituels.

Dans tous ces cas, lorsque le fonctionnement normal de la personne endeuillée est affecté, il est important d’aller chercher de l’aide.

Mais comment éviter ces excès d’émotions, ces pensées accablantes et ces comportements néfastes? Ou plutôt, comment se remémorer le défunt de manière saine?

Il n’existe pas de recette universelle, car elle dépend de chacun. Certaines personnes garderont avec elles un objet significatif à la mémoire du défunt comme un collier, alors que d’autres rendront visite à des lieux symboliques, comme le lac préféré de la personne décédée. Chaque parcours de deuil est différent et teinté de sa propre personnalité.

Il faut se rappeler qu’un deuil s’accompagne d’une rupture du lien d’attachement, ce lien qui renvoie à l’affection primaire et initiale d’un être humain vers un autre. L’humain nait dans un besoin d’affection et une dépendance. Le deuil constitue donc une grande épreuve de vie qui vient ébranler notre attachement aux autres êtres humains, notre fragilité et notre vulnérabilité.

Article rédigé par Ariane Meunier

Étudiante au baccalauréat en travail social

Stagiaire en travail social à la maison de soins palliatifs de Pallia-Vie à l’automne 2023